Publié par À l’approche de l’hiver, la construction québécoise lèvera le pied progressivement : les fenêtres météo se referment, les calendriers se densifient autour des livrables finaux et chacun, sur le terrain comme au bureau, prend la mesure de l’année écoulée. Cette période charnière, située après les derniers jalons d’automne et avant le congé hivernal de l’industrie, est propice aux bilans : satisfaction au travail, conditions, sécurité, organisation, rendement et perspectives de carrière pour les travailleurs; performance, rétention, qualité, coûts et relations clients-fournisseurs pour les employeurs. Voici un dossier complet, ancré dans les réalités et références québécoises, pour transformer la fin de saison en véritable levier d’amélioration continue.
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Situer la période : congés, cadence et réalités saisonnières
Le calendrier de l’industrie structure largement le rythme du secteur : en 2025, les congés d’été se sont déroulés du 20 juillet au 2 août, et le congé hivernal s’étend du 21 décembre 2025 au 3 janvier 2026. Ces pauses, inscrites au calendrier officiel, servent de points de repère tant pour la planification des chantiers que pour les évaluations de fin d’année.
Au-delà des dates, l’écosystème demeure porteur : pour 2025-2029, la CCQ anticiperait environ 16 000 besoins d’embauche par année à l’échelle du Québec, un contexte qui nourrit la mobilité professionnelle… et renforce l’enjeu de fidélisation pour les employeurs.
Le bilan du point de vue des travailleurs : satisfaction, progression et sécurité
Satisfaction et sens du travail. En fin de saison, les travailleurs évaluent l’adéquation entre tâches, compétences et reconnaissance (salaire, progression, qualité du leadership). Les périodes de pointe testent l’organisation : qualité des briefings, clarté des plans, accès aux matériaux, disponibilité de l’outillage, soutien du contremaître.
Carrière et mobilité. Dans un marché tendu, documenter ses réalisations (chantiers, responsabilités, certifications, SST) et clarifier ses objectifs (compagnonnage, nouveaux corps de métier, rôle de chef d’équipe) devient stratégique pour les prochains mandats, surtout quand l’industrie annonce des besoins soutenus.
Santé, sécurité et préparation à l’hiver. Le passage aux conditions froides exige un rappel ciblé : plan d’exposition au froid, pauses de réchauffement, gestion du monoxyde de carbone avec l’outillage à combustion, et révision du programme de prévention de chantier (risques, mesures, responsabilités).
Checklist express pour travailleurs (fin de saison)
- Vérifier EPI d’hiver et consignes froid/CO
- Mettre à jour cartes, carnets et certifications.
- Consigner les réalisations clés (photos autorisées, tâches, volumes, tolérances atteintes).
- Identifier deux compétences à développer (p. ex. lecture de plans avancée, instrumentations, finitions spécialisées).
Le bilan du point de vue des employeurs : rendement, qualité, coûts et rétention
Performance et qualité. La fin de saison est le moment d’objectiver : taux de reprises, non-conformités, délais moyens, consommation de contingences, incidents SST, satisfaction client et tenue documentaire (PV, photos, dossiers de fin de chantier). Un programme de prévention de chantier actualisé et suivi réduit incidents et arrêts.
Évaluations de rendement : de l’exercice administratif au dialogue utile. Les bonnes pratiques recommandent d’outiller la rencontre : auto-évaluation préalable, objectifs concrets, rétroaction bidirectionnelle et plan de développement annualisé. Cette approche transforme l’évaluation en conversation orientée solutions, utile en fin de forte cadence, quand le retour d’expérience est frais.
Rétention et marque employeur. Dans un contexte où l’industrie aura besoin de près de 16 000 personnes par an, une rétention même marginalement supérieure devient un avantage compétitif : clarté des parcours (apprentis → compagnons → chefs d’équipe), reconnaissance, formation ciblée, et organisation du travail (horaires, alternance chantier-atelier) sont déterminants.
Santé mentale et charge entrepreneuriale. Les données canadiennes récentes rappellent l’impact du stress sur la productivité et la gestion quotidienne des dirigeants de PME; la trésorerie figure parmi les premières sources de pression. Normaliser les discussions de bien-être et outiller les gestionnaires contribue à des équipes plus stables.
Checklist express pour employeurs (fin de saison)
- Tenir des rétrospectives chantier (ce qui a bien/mal fonctionné; décisions à codifier).
- Boucler les évaluations avec objectifs trimestriels 2026 et micro-formations associées.
- Mettre à jour le programme de prévention (risques hiver, CO, équipements).
- Planifier la dotation 2026 selon les besoins régionaux et métiers en tension.
Opérations : ce qu’il faut solder avant le gel
Chantiers et documentation. Finaliser les essais (pression, électriques, ventilation), livrer les manuels d’entretien, sécuriser les lieux et fermer les chantiers conformément aux exigences (avis officiels, tenue de dossiers), tout en préparant les reprises au redémarrage.
Approvisionnements et outillage. Inventorier, entretenir et hiverner l’outillage critique; négocier les réapprovisionnements hors pointe; verrouiller les calendriers fournisseurs pour les premières fenêtres printanières.
Planification intégrée avec le calendrier sectoriel. La connaissance des congés et jours fériés (fin d’année, Action de grâce, etc.) aide à positionner les derniers jalons et la remise des clés sans pousser inutilement les équipes dans le rouge.
Relations clients et fournisseurs : consolider la confiance
Côté clients. Une fin de saison réussie se voit dans la réception sans réserve majeure, la clarté des livrables, la qualité des mises en service et la réactivité en liste de déficiences.
Côté fournisseurs. Un débrief structuré (délais, qualité, communication) avec les partenaires clés permet d’ajuster les ententes 2026, d’anticiper les contraintes matière/transport et de sécuriser des clauses d’indexation lorsque pertinent.
Gouvernance et conformité : ne rien laisser au hasard
Prévention et SST. Mettre à jour les analyses de risques par type de tâche en conditions froides; rappeler les procédures pour abris temporaires, chauffages, ventilation, contrôles d’émissions et surveillance CO.
Ouverture/fermeture de chantier. Respecter les formalités avec la CNESST (avis d’ouverture/fermeture, maître d’œuvre, responsabilités) et arrimer la documentation SST avec les exigences contractuelles.
Transformer la rétrospective en plan d’action 2026
Objectifs “Q1-Q2” concrets. Lier chaque constat de 2025 à un objectif mesurable (ex. environ 20 % de reprises en structure; +15 % d’achèvement à l’échéancier sur les chantiers multi-lots).
Formation et cheminements. Programmer tôt les parcours (ex. lecture de plans avancée, coffrage complexe, sécurité machines, coordination BIM) et les promotions internes.
Dotation proactive. S’appuyer sur les perspectives CCQ régionales pour cibler les métiers en tension et sécuriser la relève (apprentis, compagnons, chefs d’équipe).
Santé organisationnelle. Prévoir des points de contact réguliers sur la charge et le climat; intégrer un volet “bien-être” dans les rencontres équipe-projet. Les données BDC montrent que la santé mentale interfère au moins une fois par semaine avec le travail d’une proportion importante de dirigeants — un indicateur à prendre au sérieux dans la planification.
La fin de haute saison n’est pas une simple parenthèse avant l’hiver : c’est le moment stratégique où l’on capitalise sur l’expérience de l’année pour corriger, consolider et projeter. Côté travailleurs, le bilan sert la progression, la sécurité et l’employabilité. Côté employeurs, il éclaire la rétention, la qualité, la productivité et la santé de l’organisation. Dans une industrie à la fois cyclique et en demande soutenue, ceux qui transforment l’exercice du bilan en système, ancré dans des faits, appuyé par des pratiques RH solides et arrimé au calendrier sectoriel, démarrent l’année suivante avec une longueur d’avance. Et c’est souvent là que se joue la différence entre une bonne saison… et une grande année.
jackstaff.ca
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*Dans cet article, l’emploi du masculin pour désigner des personnes n’a d’autres fins que celle d’alléger le texte.