Au cœur du dynamisme économique du Québec, l’industrie de la construction fait face à un défi logistique majeur : assurer la mobilité de sa main-d’œuvre vers des chantiers souvent situés à des centaines de kilomètres des grands centres. Entre le transport en terres isolées, la crise du logement temporaire et la recherche de solutions innovantes, le quotidien de milliers de travailleurs est une réalité complexe, encadrée par des mécanismes essentiels à la bonne marche des projets qui façonnent la province.
L’équation est simple en apparence : les grands projets, qu’ils soient hydroélectriques, miniers ou d’infrastructures, se trouvent fréquemment en régions éloignées comme la Côte-Nord, l’Abitibi-Témiscamingue ou le Grand Nord québécois. La main-d’œuvre qualifiée, elle, est majoritairement concentrée dans les zones urbaines. Cette situation engendre un mouvement pendulaire constant de travailleurs, un véritable ballet logistique où chaque détail compte. Pour ces charpentiers-menuisiers, électriciens ou opérateurs de machinerie lourde, accepter un contrat en région signifie souvent sacrifier plusieurs semaines loin de leur famille, un compromis rendu possible par un cadre réglementaire et des incitatifs financiers précis.
Le casse-tête du transport et de l’hébergement
Le premier obstacle est le transport. Parcourir de longues distances sur des routes parfois périlleuses, comme la route 138 sur la Côte-Nord ou la 117 en Abitibi, représente un coût, un risque et une fatigue considérables. Pour pallier cet enjeu, les grandes entreprises et les maîtres d’œuvre déploient de plus en plus des systèmes de navettes par autobus. Ces transports collectifs, souvent organisés sur une base hebdomadaire, permettent non seulement de réduire l’empreinte carbone, mais aussi d’assurer la sécurité et le repos des employés durant les trajets.
Pour les chantiers les plus inaccessibles, le modèle du « fly-in/fly-out » (transport par nolisement aérien) s’impose comme la seule solution viable. Les travailleurs sont alors transportés par avion vers le site pour des cycles de travail intensifs de 14, 21, voire 28 jours, suivis d’une période de repos équivalente à la maison.
Une fois sur place se pose l’épineuse question de l’hébergement. Dans des municipalités de quelques milliers d’habitants, l’arrivée de plusieurs centaines de travailleurs met une pression immense sur un marché locatif déjà fragile. « Quand un grand chantier démarre, la disponibilité des logements, des motels et des hôtels s’effondre et les prix grimpent en flèche, créant des tensions avec la population locale », explique un directeur de projet d’un important chantier minier. Pour contrer ce phénomène, la construction de campements temporaires est devenue la norme. Loin de l’image des baraquements d’autrefois, ces bases-vie modernes offrent des chambres individuelles, des cafétérias de qualité et des espaces de loisirs pour préserver le moral et le bien-être des équipes.
Un cadre réglementaire pour soutenir la mobilité
Cette mobilité à grande échelle ne serait pas possible sans les balises claires établies par les conventions collectives de l’industrie. Gérées par la (Commission de la construction du Québec (CCQ)), ces ententes prévoient des compensations financières pour les travailleurs qui doivent se déplacer. Des indemnités journalières pour le logement et la nourriture sont versées, et le temps de déplacement est souvent rémunéré. Ces mesures, négociées entre les parties patronales et syndicales, reconnaissent les contraintes particulières du travail en région éloignée et sont essentielles pour attirer et retenir la main-d’œuvre.
Le gouvernement du Québec offre également des programmes pour encourager la mobilité interrégionale. Des subventions à la relocalisation peuvent être accordées aux travailleurs qui choisissent de déménager avec leur famille pour s’établir durablement dans une région en demande, une solution qui contribue à la vitalité économique et sociale de ces communautés. Des informations sur ces aides sont souvent centralisées sur des plateformes comme (Québec.ca).
Des modèles innovants : l’exemple des coopératives
Au-delà des solutions logistiques classiques, des modèles d’affaires alternatifs émergent pour répondre aux besoins spécifiques des régions. Bien que moins répandues dans la construction pure, les coopératives de travail ou de solidarité, très présentes dans le secteur forestier québécois, offrent une piste de réflexion intéressante. Une coopérative de travailleurs de la construction en région pourrait, par exemple, mutualiser les ressources pour l’achat de véhicules de transport, la gestion d’un parc de logements temporaires ou encore la négociation de contrats locaux.
Ce modèle, en redonnant le pouvoir décisionnel aux membres-travailleurs, favorise un ancrage local plus fort et une meilleure répartition des bénéfices. Des organismes comme la (Fédération québécoise des coopératives forestières) démontrent depuis des décennies la viabilité de ce système dans des contextes de travail en régions ressources.
Vers une mobilité durable et humaine
La mobilité des travailleurs est et demeurera une composante indissociable de l’industrie de la construction au Québec. Les défis logistiques, sociaux et humains qu’elle engendre sont considérables, mais les solutions mises en place témoignent d’une grande capacité d’adaptation. La clé du succès réside dans une planification rigoureuse et une collaboration étroite entre les donneurs d’ouvrage, les entreprises, les syndicats et les communautés d’accueil. Comme le soulignent de nombreux experts du secteur, dont ceux de l'(Association de la construction du Québec (ACQ)), l’avenir passera par une optimisation continue de la logistique et, surtout, par un souci constant du bien-être de ces milliers de travailleurs qui, par leur flexibilité, bâtissent le Québec de demain.
jackstaff.ca
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