L’arrivée de l’été au Québec est synonyme de journées longues et ensoleillées, mais pour les milliers de travailleurs de la construction, elle apporte aussi un risque omniprésent et parfois mortel : le coup de chaleur. Entre le soleil de plomb, l’effort physique intense et le port d’équipements de protection, les chantiers se transforment rapidement en pièges thermiques. La prévention des malaises liés à la chaleur n’est pas une simple suggestion, c’est une nécessité absolue et une responsabilité partagée. Cet article vous offre un guide détaillé, basé sur les recommandations des autorités québécoises, pour identifier les dangers, connaître vos obligations et mettre en place des stratégies efficaces pour que chaque journée de travail estivale se termine en toute sécurité.
Le stress thermique : un ennemi à ne pas sous-estimer
Le travail physique exigeant augmente la production de chaleur par le corps. Lorsque la température extérieure est élevée, le corps peine à se refroidir, créant une condition appelée « stress thermique ». Si rien n’est fait, ce stress peut évoluer vers des conditions plus graves, culminant avec le coup de chaleur, qui est une urgence médicale pouvant entraîner la mort ou des dommages permanents.
La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) est formelle : l’employeur a l’obligation légale de prendre les mesures nécessaires pour protéger la santé et assurer la sécurité de ses travailleurs, et cela inclut la gestion des risques liés à la chaleur. Ignorer cette obligation expose non seulement les travailleurs à un grave danger, mais aussi l’entreprise à des sanctions.
Reconnaître les signes avant-coureurs
La première étape de la prévention est la reconnaissance des symptômes. Il est crucial que chaque personne sur un chantier, employeur comme travailleur, puisse identifier les signes de détresse liés à la chaleur. Le portail Santé du gouvernement du Québec distingue plusieurs niveaux de gravité :
- Les crampes de chaleur : Spasmes musculaires douloureux, souvent dans les jambes ou l’abdomen.
- L’épuisement par la chaleur : C’est le signal d’alarme. Les symptômes incluent :
- Sueurs abondantes
- Peau pâle et moite
- Fatigue et faiblesse extrêmes
- Maux de tête
- Nausées ou vomissements
- Étourdissements
- Le coup de chaleur : C’est l’urgence absolue. Le mécanisme de transpiration du corps est défaillant. Les signes sont :
- Température corporelle très élevée (40 °C ou 104 °F et plus)
- Peau chaude, rouge et sèche (absence de sueur)
- Pouls rapide et fort
- Maux de tête violents, confusion, vertiges
- Perte de conscience possible
Au moindre signe de coup de chaleur, il faut immédiatement appeler le 911, transporter la victime à l’ombre, la rafraîchir avec tous les moyens disponibles (eau, linges humides, ventilation) et lui retirer ses vêtements superflus.
L’arsenal de la prévention : les stratégies qui fonctionnent
La CNESST, à travers ses guides et outils comme le feuillet d’information sur le stress thermique dû à la chaleur, insiste sur une approche à plusieurs volets.
1. L’hydratation : la règle d’or Cela semble évident, mais c’est le pilier de la prévention.
- Boire souvent : Il faut boire de l’eau fraîche régulièrement, un verre toutes les 20 minutes environ, avant même d’avoir soif. La soif est un signe de déshydratation déjà entamée.
- Quoi boire : L’eau est la meilleure option. Les boissons pour sportifs peuvent aider à remplacer les électrolytes perdus par la sueur lors d’efforts très intenses.
- Quoi éviter : Les boissons contenant de la caféine (café, boissons gazeuses, boissons énergisantes) ou de l’alcool sont à proscrire, car elles accélèrent la déshydratation.
2. L’organisation du travail : adapter le rythme L’employeur doit ajuster l’organisation du travail en fonction de la température et du type de tâche (légère, modérée, lourde).
- Régime d’alternance travail-repos : La CNESST recommande des pauses plus fréquentes et plus longues à mesure que la chaleur augmente. Par exemple, pour un travail lourd à 32°C, un cycle de 15 minutes de travail pour 45 minutes de repos pourrait être nécessaire.
- Planifier les tâches : Réaliser les tâches les plus exigeantes physiquement durant les heures les plus fraîches de la journée (tôt le matin).
- Fournir de l’ombre : Des aires de repos ombragées ou climatisées doivent être accessibles en tout temps. L’installation de toiles ou de tentes sur les zones de travail est une excellente mesure.
3. L’acclimatation : laisser le corps s’habituer Un travailleur qui n’est pas habitué à la chaleur est beaucoup plus à risque. L’acclimatation est un processus essentiel. Pour un nouveau travailleur ou après une longue absence, l’exposition à la chaleur doit être progressive. Une recommandation courante est de commencer avec 50% de la charge de travail le premier jour et d’augmenter de 10% chaque jour suivant.
4. La surveillance et l’entraide La chaleur peut altérer le jugement. Il est donc fondamental de travailler en équipe et de veiller les uns sur les autres. Instaurez un système de parrainage (« buddy system ») où les travailleurs se surveillent mutuellement pour détecter les premiers signes de malaise.
La sécurité, un effort collectif
Combattre les risques liés à la chaleur sur les chantiers est loin d’être une bataille perdue d’avance. C’est une question de préparation, de vigilance et d’engagement collectif. Pour l’employeur, cela signifie mettre en place un plan de prévention solide, fournir les ressources nécessaires comme l’eau et l’ombre, et adapter l’organisation du travail. Pour le travailleur, cela implique de s’hydrater consciencieusement, de connaître ses limites, de ne jamais ignorer un symptôme et de veiller sur ses collègues. En adoptant ces stratégies, l’industrie de la construction peut s’assurer que le soleil est un simple compagnon de travail et non une menace, permettant à chacun de rentrer à la maison en bonne santé à la fin de la journée.
Voici des liens pertinents concernant la prévention des coups de chaleur sur les chantiers :
Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST)
- Évaluer le niveau de risque par temps chaud : https://www.cnesst.gouv.qc.ca/fr/prevention-securite/identifier-corriger-risques/liste-informations-prevention/evaluer-niveau-risque-par-temps-chaud
- Coup de chaleur : https://www.cnesst.gouv.qc.ca/fr/prevention-securite/identifier-corriger-risques/liste-informations-prevention/coup-chaleur
- Le travail à la chaleur, ça se planifie : https://www.cnesst.gouv.qc.ca/fr/salle-presse/communiques/travail-chaleur-planifie
- La planification des travaux en prévision des vagues de chaleur : https://www.cnesst.gouv.qc.ca/fr/organisation/documentation/formulaires-publications/planification-travaux-en-prevision-vagues-chaleur
- Travailler à la chaleur… Attention! (Feuillet d’information) : https://www.cnesst.gouv.qc.ca/sites/default/files/publications/travailler-a-la-chaleur.pdf
- Comment éviter un coup de chaleur – Affiche : https://www.cnesst.gouv.qc.ca/fr/organisation/documentation/formulaires-publications/travailler-chaleur-attention-signes-symptomes
Santé Québec
- Effets de la chaleur sur la santé : https://www.quebec.ca/sante/conseils-et-prevention/sante-et-environnement/effets-de-la-chaleur-accablante-et-extreme-sur-la-sante
ASP Construction
- Prévenir les risques du travail à la chaleur durant l’été : https://www.asp-construction.org/images/Actualites/Prevenir_aussi_ete_2020_Texte_Chaleur.pdf
- Contraintes thermiques : travailler à la chaleur ou au froid (Formation) : https://asp-construction.org/formations/nos-formations/formation/contraintes-thermiques-travailler-a-la-chaleur-ou-au-froid
jackstaff.ca
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